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La bio courageuse du pays niçois

La bio courageuse du pays niçois

À partir du 09/05/2018

Confrontée à une urbanisation galopante, à la pression des promoteurs immobiliers, et à une géographie et un climat contrastés, l’agriculture bio des Alpes-Maritimes jours des coudes pour trouver sa place au soleil… La passion des producteurs et la demande des consommateurs sont ses meilleurs atouts.

Confrontée à une urbanisation galopante, à la pression des promoteurs immobiliers, et à une géographie et un climat contrastés, l’agriculture bio des Alpes-Maritimes jours des coudes pour trouver sa place au soleil…

La passion des producteurs et la demande des consommateurs sont ses meilleurs atouts.

Henri_et_Ginou_Terroir_Territoire

© Champsoleil

Si on vous dit Nice, vous répondez ? Mer, montagne, luxe, soleil, ciel bleu, chaleur, vacances… La belle vie, quoi ! C’est aussi comme ça que l’on voyait les choses avant de faire ce reportage. Mais en arrivant sur la Riviera un soir de février, sous des nuages menaçants, des températures négatives et un vent glacial, on a commencé à découvrir notre erreur. Les hivers peuvent donc être rudes et moches. « En 85, il a fait -25 °C, nous a rappelé Henri Derepas, oléiculteur bio à La Trinité, à 4 km à vol d’oiseau de la Promenade des Anglais. Le froid, c’est normal. L’hiver est un facteur de rééquilibrage de la nature et la neige, un nettoyant. » Et quand plus tard, au chaud dans sa cuisine, il nous a expliqué les problèmes auxquels il avait dû faire face, on a compris : ce bout de Côte d’Azur n’est pas toujours un paradis, pour l’agriculture en l’occurrence.

La bataille du foncier

Ici, poussent surtout… des immeubles, des villas, des infrastructures pour la population maralpine*, 1,1 million d’habitants implantés principalement sur le littoral, et pour les touristes. La côte, de Cannes à Menton, est une agglomération quasi continue arrachant la terre aux paysans. « On voit des terres délaissées depuis 20 ans, regrette amèrement Dorothée Valtier, administratrice d’Agribio 06, association de producteurs bio. Les promoteurs font monter les prix et les agriculteurs ne peuvent pas les acheter. » La guerre entre les deux clans est ouvertement déclarée. Henri Derepas raconte avoir dû batailler ferme pour ne pas céder aux intimidations et rester sur son exploitation, convoitée pour sa situation et son panorama exceptionnels. Route coupée sans avertissement préalable pendant neuf mois, raccordement à l’eau potable refusé…, on lui a tout fait. « Le problème de l’accès au foncier est le même partout dans le monde, avance-t-il. Je me suis dit, ici, il ne faut pas lâcher. » Son opiniâtreté et la justice lui ont donné raison.

 

Longues distances

Pour quitter le béton, il faut monter dans l’arrière-pays. Les bio y sont beaucoup en polyculture-élevage. Du mouton surtout, pas de bovin, la géographie ne s’y prête pas ; un peu de maraîchage, d’avril à novembre, avant l’arrivée de la neige et du gel. Ici, la difficulté, c’est l’éloignement. Les distances sont rallongées par des routes sinueuses et les déplacements représentent un coût important. « Le problème est que si on ne va pas vers les gens, ils ne viennent pas jusqu’à nous, exposeDorothée Valtier, en polyculture-élevage à Ascros, à 1 200 m d’altitude, 60 km et 1 h 30 de Nice. On peut produire tout ce qu’on veut, mais si on ne vend pas… » Sa solution pour écouler la production locale serait la création de petits magasins bio dans les vallées et les stations de ski où il y a une demande,assure-t-elle. Les producteurs pourraient aussi s’organiser pour livrer du côté de la côte. Une réflexion est en cours avec les magasins Biocoop qui peinent à avoir des produits locaux. Et pas que ceux des montagnes, car le temps est précieux pour tout le monde. À Mouans-Sartoux, Alexandre Falinski vend ses fromages de chèvre et ses fruits rouges à Biocoop Mougins, mais pas à Nice ni à Vence : « Je livre dans un rayon de 10 km autour de chez moi. Au-delà, ça complique ma tournée, explique-t-il. L’été, je cueille les fraises le matin, je les livre aussitôt. Elles ne se conservent pas. Je ne les mets pas en chambre froide, elles sont bien meilleures. »

La bio locale n’arrive pas jusque dans les magasins parce qu’elle ne représente pas de gros volumes. Les 220 fermes offrent une variété de produits, fruits, légumes et olives en tête, mais sont toutes petites – avec 7 ha dont 5 en oléiculture, Henri Derepas fait figure de « gros ». C’est le circuit court qui prime.

N’empêche ! Même si elle doit aussi faire face au changement climatique, à la sécheresse (presque six mois sans pluie en 2017), au gel tardif…, la bio maralpine attire et progresse. Entre 2015 et 2016, le nombre de fermes a augmenté de 10 %, alors qu’en conventionnel, il chute. Elle permet d’éviter le bétonnage. Des communes, comme Mouans-Sartoux, achètent des terres et y installent des producteurs bio pour fournir les cantines scolaires. Elle essaye, sans y parvenir, de satisfaire la demande de consommateurs en recherche de produits bio et locaux. Bref, elle a un réel rôle à jouer et ne demande qu’à se développer. Élus, urbanistes, spéculateurs terriens, vous ne lui donneriez pas un petit coup de pouce ?

* Des Alpes-Maritimes.

 

Henri et Ginou Derepas

Oléiculteur récoltant-transformateur à La Trinité

La ferme de la famille Derepas s’appelle Champsoleil et ce n’est pas par hasard : « La parcelle toute en longueur, avec 11 000 oliviers, est orientée est-ouest : elle est traversée par le soleil », explique Henri qui dit avoir « épousé la ferme en même temps que Ginou . C’était au début des années 80, l’exploitation appartenait à son beau-père. Il a été très tôt convaincu par la bio et par la nécessité de démontrer qu’elle n’est pas une affaire de « rigolos ». En 1983, il participe à la création d’Agribio 06, une association de producteurs bio, pour travailler sur les techniques culturales et donner de la visibilité à l’agriculture biologique. Aujourd’hui, sa petite production (olives, huiles, tapenade, tartinables…, à découvrir dans les magasins Biocoop de Nice) est fréquemment primée en France et à l’étranger. Champsoleil accueille des jeunes dans divers cursus de formation. Devant le succès de la bio, il reste prudent. « Être agriculteur, c’est être au quotidien aux prises avec les éléments et l’environnement, c’est eux qui dictent la marche à suivre, dit-il. Il ne faut pas croire que faire de la bio, c’est juste se coller au règlement. Il faut aussi de l’observation, de l’anticipation et beaucoup de savoirs. »

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